n° 1022-1023 – Romain Gary – juin / Juillet 2014

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Romain Gary fait figure de marginal dans la littérature française. Cultivant le mythe de l’affranchi et du saltimbanque, sans frères de plume, sans compagnons de route, il est pourtant resté une figure marquante de notre littérature, au-delà même de l’extraordinaire « Affaire Ajar ». Lisant Gary, on ne peut oublier qu’il est un enfant de l’exil, dont le destin originel a été déterminé par la violence de l’Histoire ; que sa vie s’est terminée par une balle dans la tête (cette balle, on l’entend siffler dans ses textes) ; qu’il a risqué sa peau dans les combats aériens de la guerre avec une rare intrépidité, par goût de l’aventure peut-être, mais aussi par éthique de l’exigence : au fil des pages se profilent la mort vue de trop près, la plongée de l’avion qui aurait pu ou dû tomber et s’écraser (et cette maîtrise dans le looping inspire ses meilleures pages). On n’oublie pas non plus que sa vie aurait pu s’achever à Auschwitz. On est assailli, le lisant, par l’image du seigneur de la guerre autant que par celle du rescapé des massacreurs. On aime en Gary sa radicalité comique, ce qu’il doit à la grande tradition déracinante de l’humour juif, ses angles de tir inattendus, ses formules en coups de fouet, sa façon souveraine de manier l’ironie, son art de jouer avec postures et impostures, de se dédoubler, de se multiplier, de faire le ventriloque, d’être résolument « pour Sganarelle »…

S o m m a i r e – P r é f a c e

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