n° 1021 – Karl Kraus – Alfred Kubin – mai 2014
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En 1936, peu après la mort de Karl Kraus à Vienne — cette « station météorologique de la fin du monde » où il avait vécu toute sa vie —, on pouvait lire dans Europe une nécrologie dont il vaut la peine de citer quelques mots pour mémoire, tant les traits du profil ne semblent guère avoir jauni : « Adoré par une foule de partisans dévoués, honni par la presse et par la littérature officielles, Kraus réunissait en lui l’esprit d’un Don Quichotte réaliste et d’un Cyrano dénué de sentimentalité. Pendant trente-six ans, il a combattu pour tout ce qui lui semblait authentique, contre tout ce qu’il voyait vil et faux. Sous forme d’attaques directes ou de gloses satiriques, les petits cahiers rouges de sa revue Die Fackel lançaient d’incessants défis aux ennemis de ses idées intransigeantes sur la probité humaine. » Kraus fut en effet un écrivain hors pair et un lutteur passionné. Sans rien celer des complexités propres à sa personnalité et à son œuvre, ce numéro d’Europe nous conduit à la rencontre d’un écrivain aussi actuel qu’intempestif.
Contemporain de Karl Kraus, Alfred Kubin fut une autre grande et singulière figure de la modernité autrichienne. Son roman L’Autre Côté est un chef-d’œuvre et Kafka lui doit assurément quelque chose. En tant que dessinateur, Kubin s’inscrit dans une tradition qui passe par Jérôme Bosch, Goya et Odilon Redon pour se redéployer à l’époque de la psychanalyse naissante. Maître de l’inquiétante étrangeté, il observe en scrutateur visionnaire les noces de l’ironie et du tragique.
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