Pourquoi Europe ?

Au lendemain de la guerre de 1914­-1918, les écrivains fondateurs de la revue, tous amis de Romain Rolland qui appelait de ses vœux la création d’Europe, exprimèrent en ces termes leurs motivations et leur état d’esprit :

« Nous disons aujourd’hui Europe parce que notre vaste presqu’île, entre l’Orient et le Nouveau Monde, est le carrefour où se rejoignent les civilisations.
Mais c’est à tous les peuples que nous nous adressons. Ce sont les voix autorisées du plus grand nombre de pays que nous entendons faire témoigner ici, non pour les opposer puérilement les unes aux autres, non pour dresser des collections d’opinions, mais dans l’espoir d’aider à dissiper les tragiques malentendus qui divisent actuellement les hommes…

Nous voulons annexer dans notre affection tous les territoires. Le monde n’est pas trop grand pour nous. L’homme libre vit dans une maison aux fenêtres grandes ouvertes pour que puisse entrer largement le dehors. Au lieu de végéter misérablement dans un coin de notre jardin, prenons possession de notre domaine tout entier…
Il est urgent que nous apprenions à regarder plus haut que tous les intérêts, les passions, les égoïsmes des individus et des groupements ethniques. Il ne peut pas y avoir de victoire remportée par l’homme contre l’homme. Et les seules conquêtes durables sont celles qui intéressent l’universalité des êtres… L’ Europe n’est pour nous qu’une étape, notre but c’est l’humanité. »

(René Arcos, février 1923, premier n° d’Europe).

Un peu d’histoire

Europe vit le jour en février 1923. Hormis une interruption pendant la Deuxième Guerre mondiale et l’Occupation, elle a paru depuis sans discontinuité. Les écrivains publiés au cours de l’année 1923 sont emblématiques de l’esprit d’ouverture et de l’exigence de qualité qui devaient s’affirmer comme une des constantes de la revue : Charles Vildrac, Ivan Bounine, Elie Faure, Ramon Gomez de la Serna, Panaït Istrati, Rabindranath Tagore, Maxime Gorki, Jules Supervielle, Max Jacob, Virginia Woolf…
Dans les années trente, marquées par le Front populaire, la guerre d’Espagne, la montée des fascismes et l’exil de nombreux écrivains allemands, on peut lire dans la revue des auteurs aussi divers que José Bergamin, William Faulkner, Walter Benjamin, Jean Giono, Philippe Soupault, Tristan Tzara, Pierre Jean Jouve, René Daumal, Roger Martin du Gard, Paul Nizan, Henri Michaux, Aragon, Paul Éluard…

À propos du n° 1000 d’Europe

La dernière livraison de la célèbre revue Europe fête son 1000e numéro. Créée en 1923 par l’écrivain Romain Rolland, cette publication littéraire et culturelle a toujours eu le souci de traverser les champs de la connaissance et de rendre aussi compte de la multiplicité des formes artistiques qui l’accompagnent. […] Si vous considérez que rêver et penser sont l’un et l’autre nécessaires à notre représentation du monde, ouvrez vite ce dernier numéro : il est extraordinaire par le prestige des contributeurs et la variété des contenus. […] Amaury da Cunha, Le Monde, 9-10 septembre 2012

Europe n’est rien moins qu’une encyclopédie de la culture — des cultures — universelle ; mais jamais achevée, sans cesse nourrie, toujours à jour. Le Monde

La constance et la rigueur de cette revue la situent loin de tout engouement éphémère et de tout phénomène de groupes. La Quinzaine littéraire

Europe s’affirme comme l’une des rares revues françaises de niveau international. CCP (Cahier critique de poésie)