n° 1039-1040 – Les frères Goncourt – Jules Renard – nov / déc 2015
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Depuis une vingtaine d’années, on a considéré à nouveaux frais l’œuvre des frères Goncourt dans toute la richesse de ses composantes. Le dossier réuni dans ce numéro d’Europe illustre ce regain d’intérêt pour des polygraphes qui furent à la fois des diaristes, des romanciers, des historiens du siècle de Louis XV, des historiens d’art, des japonisants, et qui ambitionnèrent de se situer à l’avant-garde de leur temps. On peut s’accorder à reconnaître en eux des écrivains irritants et de remarquables stylistes, des célibataires misogynes célébrant dans un même élan la famille patriarcale et l’art moderne, des auteurs tantôt cruels, tantôt compassionnels se réclamant toujours d’une poétique de l’éclat et du discontinu. Les Goncourt sont à plus d’un égard des écrivains complexes et paradoxaux…
Dernier né, en 1864, d’une famille de trois enfants, Jules Renard est le fruit tardif et inattendu d’un couple mal accordé. Sa mère, petite-bourgeoise confite en dévotion, fait de l’enfant son souffre-douleur, la victime expiatoire de ses rancœurs conjugales, l’abreuvant de brimades et de sévices. Plus tard, Jules Renard retracera la découverte solitaire d’une liberté tout intérieure et donnera à entendre la détresse d’un enfant rejeté : « Tout le monde ne peut pas être orphelin ». De Poil de Carotte à L’Écornifleur, des Histoires naturelles à cet autre chef-d’œuvre qu’est son Journal, voilà un écrivain qu’on ne se lasse jamais de retrouver. Jules Renard ne triche pas : « La vérité n’est pas toujours l’art. L’art n’est pas toujours la vérité, mais la vérité et l’art ont des points de contact : je les cherche. »
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