n° 1041-1042 – Témoigner en littérature – janv / février 2016
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À la fois œuvre littéraire et document doté d’une valeur probatoire, le témoignage consacre une rupture radicale avec la doctrine de l’autonomie de l’art héritée du romantisme ; il invite ainsi à un réexamen critique de certains crédos contemporains relatifs à l’absolue liberté d’invention de l’artiste, à la déliaison de l’éthique et de l’esthétique, ou encore à la réduction de la littérature à la fiction. L’avènement du témoignage a produit un schisme littéraire dont on n’a peut-être pas encore pris toute la mesure. De la Grande Guerre au génocide des Tutsi du Rwanda en passant par le génocide des Arméniens, les camps de la Kolyma, l’univers concentrationnaire nazi, l’extermination des Juifs d’Europe, le bombardement atomique d’Hiroshima, l’exil rural forcé dans la Chine populaire des années 1968-1980, le génocide cambodgien et la « décennie noire » qui ensanglanta l’Algérie des années 1990, ce numéro d’Europe invite à une nécessaire réflexion sur l’acte de témoigner en littérature. Puisse-t-il contribuer à marquer un tournant dans l’histoire de la réception d’un genre qui demeure encore trop souvent relégué dans une position marginale, alors même qu’il a donné, selon les mots de Georges Perec, « l’exemple le plus parfait de ce que peut être la littérature ».
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