n° 940-941 – Maurice Blanchot – Antoine Volodine – août / sept 2007
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On connaît la formule : « Maurice Blanchot, romancier et critique. Sa vie est entièrement vouée à la littérature et au silence qui lui est propre ». C’est celle qui, jusqu’à sa mort, lui aura tenu lieu de notice biographique. Qu’on la trouve affectée, voire grandiloquente, ou qu’on y voie la marque d’une authentique grandeur, elle est emblématique de la posture héroïque que Blanchot élabora au fil du temps, celle de l’écrivain voué vivant à cet anéantissement qu’est l’écriture, sculptant à vif sa statue de grand mort éternel. La littérature fut pour lui une forme d’ascèse, une passion de l’extrême, une plongée dans les profondeurs inquiétantes de la langue. Ce que tisse patiemment son écriture, c’est le désœuvrement, cette force de dissolution créatrice où n’en finit pas de mourir un sujet devenant écrivain. Pour qui veut lire Blanchot, pour aborder l’étrangeté de cette parole impersonnelle, que l’on dirait sans origine et sans sujet, il faut sans doute une certaine plasticité psychique, une aptitude à la perte temporaire de nos représentations fixées, une souplesse des identifications, un affranchissement provisoire des limites dites « humaines ». Il faut admettre que « la littérature commence au moment où la littérature devient une question ».
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