n° 1056 – Pierre Albert-Birot – Claude Cahun – avril 2017

Un artificier de la création, un homme rare parmi les poètes et les artistes de son époque : tel est le jugement que portait Apollinaire sur Pierre Albert-Birot en 1917. Venu tard à la poésie, après une première carrière de peintre et de sculpteur et une longue période d’insatisfaction, Pierre Albert-Birot (1876-1967) fut un infatigable expérimentateur. Tour à tour éditeur, imprimeur, homme de théâtre, scénariste, mais avant tout et partout poète, il fut l’auteur d’une œuvre à bien des égards pionnière. Fondateur de la revue SIC (1916-1919), il y accueillit les créateurs les plus audacieux de son époque : Apollinaire, Soupault, Reverdy, Tzara, Picasso, Zadkine… Dans son œuvre personnelle, il innova dans des domaines aussi variés que la poésie visuelle (poèmes-affiches, poèmes-pancartes), la poésie sonore (poèmes à crier et à danser), le théâtre (pièces pour marionnettes, théâtre circulaire) ou le cinéma avec ses ciné-textes poétiques. Il s’illustra dans le haïku comme dans l’épopée, avec son Grabinoulor, une coulée de près de mille pages sans aucun signe de ponctuation… Ce cahier d’Europe nous invite à prendre la mesure d’une création démultipliée, au confluent des avant-gardes.

L’œuvre de Claude Cahun (1894-1954) occupe une place de tout premier plan, non seulement dans le grand récit de la modernité mais à la pointe des débats contemporains. Ce dossier met l’accent sur le milieu relationnel dont l’influence fut formatrice, et sa contribution aux « arts du spectacle » (théâtre, cinéma). Il apporte également des précisions sur sa démarche photographique, certainement l’une des plus étonnantes de sa génération. Par ailleurs, une correspondance inédite avec André Breton nous plonge au cœur de sa résistance active à l’occupation nazie, dans l’île de Jersey où elle s’était retirée avec sa compagne Suzanne Malherbe.

P r é f a c e – S o m m a i r e