Deux substantiels cahiers dirigés par Pierre Vinclair et consacrés respectivement à William Carlos Williams et à Yves di Manno sont au sommaire du numéro de mai d’Europe. Figure majeure de la poésie contemporaine, Williams s’est attaché tout au long de son œuvre à inventer une forme de poésie entièrement nouvelle, apte à rendre compte de la spécificité de l’expérience américaine et attentive à la vie des gens ordinaires. Marqué à ses débuts par l’imagisme et proche d’Ezra Pound, il participa au seuil des années trente à l’émergence de l’objectivisme. À partir de 1944, il travailla à Paterson, son maître livre dont on a pu dire qu’il constituait un « Art poétique pour l’Amérique contemporaine ». Yves di Manno, poète et traducteur de Paterson, mais aussi de Pound, George Oppen et Jerome Rothenberg, a toujours prêté une attention passionnée aux formes multiples de la vitalité poétique d’hier et d’aujourd’hui. Ses écrits critiques et son activité d’éditeur en témoignent également. Son œuvre riche de reliefs subtils est celle d’un poète inquiet mais ouvert à toutes les propositions formelles, d’un voyageur perplexe traversant le jour en en sondant la fine doublure de réves et de légendes nocturnes.