n° 880-881 – Valère Novarina – août / sept 2002

18,30 TTC

À Pergame, au IIe siècle avant J.-C., dans le voisinage d’une bibliothèque riche de 200 000 ouvrages, avait été bâti un temple dédié à Esculape, dieu de la médecine. Cette proximité conduisait fréquemment les praticiens à prescrire à des patients asthéniques la lecture orale comme gymnastique, parce qu’ils la considéraient, physiquement, comme aussi exigeante que le galop à cru. Toute la portée curative et philosophique de cette médication nous revient en mémoire au spectacle des pièces de Valère Novarina, qui toutes dérangent nos certitudes théâtrales et déplacent les lignes de notre entendement. Elles proposent une cure de langage que certains avalent comme une potion amère, d’autres comme un cordial roboratif, mais à laquelle on ne peut nier la vertu d’inciter à poser les interrogations essentielles sur le « drame de la vie ». Car c’est bien autour de la pierre d’angle du langage que Valère Novarina semble avoir ordonné ses plans, dégageant de larges perspectives du côté des interrogations à poser au visible et à l’invisible. L’écrivain, qui toise ainsi l’abîme, s’approprie les énigmes et les pose autrement. Dans cette tension, l’écriture, délivrée des sens immédiats et convenus, apporte à la matière verbale toute sa densité et à l’acteur toute sa présence. Comme les déchiffreurs de jadis, qui méprisaient la lecture silencieuse, les acteurs de Novarina jouent de leur corps et de leur souffle pour muer l’écriture en puissance auditive et musculaire. Et cette présence tangible donne aussi du jeu à la pensée.

S O M M A I R E – P R É F A C E

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